La crise sanitaire et le télétravail ont poussé de nombreux salariés franciliens à quitter Paris pour s'installer en province ; pour répondre à cette volonté, certaines entreprises choisissent également d'implanter leurs bureaux en province afin de réduire leurs dépenses immobilières.
lire l'articleDes centaines de milliers de franciliens ont quitté leur domicile - parfois exigu - pour vivre un confinement au vert. Une forme de révélation. L’heure de la reprise de l’activité a sonné, mais beaucoup ne veulent pas en rester là, et comptent quitter définitivement le rythme « métro-boulot-dodo ». D’autres, qui n’ont pas pu partir, nourrissent également des envies d’ailleurs.
Les entreprises sauront-elles répondre à cette nouvelle aspiration de leurs salariés ? Avec la récession de l’économie qui affecte lourdement les comptes de résultats, comment peuvent-elles concilier rationalisation des coûts et recherche de qualité de vie de leurs collaborateurs ?
L’essor du télétravail élargit désormais le champ des possibles sur la notion d’équilibre vie pro / vie perso. Arthur Loyd - société de Conseil en Immobilier d’Entreprise, décrypte les prix de l’immobilier de bureaux et ceux du logement dans les villes situées à moins de deux heures de Paris : les entreprises vont pouvoir repenser leur stratégie d’implantation sur le territoire national… et offrir un cadre de vie plus apaisé à leurs salariés.
Nous publions une infographie inédite des prix des logements et des bureaux dans les villes et métropoles situées à moins de deux heures de Paris. Le logement est le premier poste de dépenses des ménages, devant l’alimentation et les transports[1]. Pour les entreprises, les bureaux constituent le plus souvent le second poste de charge après les salaires. Dans cette grande période d’incertitude économique qui s’ouvre, l’immobilier apparaît ainsi comme l’un des leviers efficaces pour réduire les coûts fixes.
Cette infographie est un outil à destination des directions générales d’entreprises et du grand public pour appuyer des décisions stratégiques : transférer tout ou partie de son activité de Paris en région, tout en gardant une certaine proximité avec la capitale en TGV ou train. Pour se rendre au siège de son entreprise, préserver le lien social, rencontrer des clients ou prestataires, cette connexion avec Paris reste et restera à l’avenir primordiale.
Sans grande surprise, les prix du logement ont explosé ces dernières années dans les grandes villes[2], mais Paris détient toujours la palme : il faut ainsi débourser en moyenne 612 600 € pour un appartement de 60 m² dans la capitale, contre 271 800 € à Lyon, 258 600 € à Bordeaux, ou 128 400 € à Caen, toutes trois situées à 2h00 de Paris en train.
Le prix des maisons laisse également apparaître des écarts importants : dans les Hauts de Seine (92), lieu de résidence de prédilection des cadres notamment du quartier d’affaires de La Défense, le prix médian d’une maison atteint 625 500 euros. Dans les villes connectées à moins de 2h00 de la capitale, les prix médians des maisons sont de deux à cinq fois moins élevés : 329 400 euros dans la métropole de Strasbourg, 172 000 euros à Beauvais, ou encore, 155 600 euros dans le Grand Poitiers. Qu’il s’agisse d’augmenter la taille de son logement ou de réduire son budget consacré à immobilier, les régions ouvrent de nouveaux horizons pour les franciliens en quête d’un environnement moins hostile. Et il y a fort à parier que l’acceptabilité par les employeurs d’un éloignement des lieux de résidence évoluera si la pratique du télétravail – même partiel – se généralise.
Côté entreprises aussi, les régions permettent de réaliser des économies importantes sur les coûts immobiliers : une implantation en province peut s’avérer jusqu’à six fois moins coûteuse qu’à Paris. Dans le Triangle d’Or parisien, les loyers de bureaux « premium »[3] s’établissent ainsi à 860 €/m²/an. A La Défense, il faut tabler sur des loyers de 550 €/m²/an. Mais à Lille, Rennes ou Nantes, les loyers des bureaux situés au sein de quartiers d’affaires au pied des gares TGV sont compris entre 210 et 240 €/m²/an. Enfin, dans certaines villes comme Orléans, Niort, Tours ou Reims, le loyer des bureaux « premium » plafonne à 150 €/m²/an. Ces loyers portent le plus souvent sur des immeubles neufs, qui, aux yeux des dirigeants comme des représentants du personnel, constituent un gage de confort, d’image, de flexibilité, d’efficacité et de services.
[2] Article sur l’explosion des prix depuis 10 ans dans les métropoles françaises accessible ici
[3] Bureaux « premium » : bureaux les plus qualitatifs situés dans les meilleurs secteurs d’affaires de la ville considérée
La recherche d’une meilleure qualité de vie était, déjà avant le déclenchement de la crise du Covid-19, un prétexte au départ en région pour bon nombre de franciliens. L’attractivité de certaines métropoles régionales n’est pas un phénomène nouveau, comme l’a démontré la dernière édition du Baromètre Arthur Loyd. Rappelons que la population augmente depuis 2010 trois fois plus vite dans les métropoles de Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Montpellier que dans celle du Grand Paris. Quant à Lyon, son aire urbaine a généré 12 000 créations nettes d’emplois par an au cours des dix dernières années, un chiffre qui témoigne du dynamisme des métropoles régionales.
Un exemple de profil qui a osé franchir le pas : Stéphane Pasquier[2], Ingénieur commercial pour le groupe TEB vidéo & sécurité explique :
« Après une vingtaine d’années à Paris, on s’est installé avec toute ma famille à Bordeaux pendant l’été 2019. J’étais Directeur commercial en région parisienne, j’ai dû faire quelques concessions pour accéder à la région, mais je n’ai vraiment aucun regret ! La proximité de la nature et de la mer, ainsi que la facilité des déplacements au sein de la métropole bordelaise, changent notre quotidien. L’excellente connectivité avec Paris via le TGV facilite d’autant plus mon activité professionnelle. »
La période du confinement a pu faire prendre conscience chez certains qu’une autre vie est possible en s’éloignant de Paris. Cette crise pourrait ainsi accélérer des processus existants, et entraîner une vague de déconcentration de l’économie francilienne vers les régions.
A la sortie du pic épidémique, une image générale se dessine : celle de l’entreprise multisites dans laquelle le siège social, devenu la « maison des collaborateurs », s’associe à un réseau physique de bureaux pour permettre le travail à distance. Bureau, domicile, tiers-lieux et centres d’affaires, gares… font partie de ce nouveau décor.
Pierre-Antoine Matrand, Directeur Général d’Arthur Loyd Ile-de-France commente :
" Les entreprises vont devoir relever un certain nombre de défis à court terme. Le premier sera d’ordre financier, en réalisant des plans d’économie tous azimuts pour absorber le choc de la récession. Tous les regards convergent en ce moment sur l’immobilier d’exploitation, avec un leitmotiv : réduire les surfaces occupées lorsque cela est possible, ou renégocier les conditions du bail pour optimiser les coûts. Nous expliquons aux entreprises que nous accompagnons sur ces sujets qu’une autre voie est possible avec des solutions immobilières flexibles – et parmi elles, le coworking – qui permettent de gagner en agilité, et de réduire la voilure rapidement en cas de nouveau coup dur, en contournant la rigidité du bail commercial classique."
Les entreprises utilisatrices de bureaux expriment depuis longtemps le besoin d’apporter de la souplesse à leur outil immobilier. Mais pour un certain nombre d’entre elles, cette souplesse s’était en réalité déjà traduite avec un foisonnement d’espaces de travail protéiformes au sein des bureaux : les aménagements étaient adaptés pour permettre aux collaborateurs d’alterner entre moments de concentration ou production, et phases plus créatives, durant lesquelles les échanges – formels ou informels – permettaient l’émergence des idées nouvelles.
Le déploiement à marche forcée du télétravail pendant le confinement a révélé au grand jour qu’il pouvait être une alternative crédible au bureau pour les séquences qui nécessitent calme et concentration. En même temps, cette période a démontré que le lien social, l’adhésion à la culture d’entreprise et l’exploration de sujets nouveaux ne pouvaient se satisfaire d’interactions 100% digitales.
Pierre-Antoine Matrand, conclut :
« Les modes de travail dans le ‘monde d’après’ font actuellement l’objet d’intenses réflexions au sein des directions générales. Certaines d’entre elles ont lancé des consultations auprès de leurs équipes pour positionner le curseur entre part du télétravail, nomadisme des collaborateurs et présence physique au bureau dans leur future organisation. L’enjeu est celui de la reprise d’activité et de l’adaptation au changement. On s’oriente probablement vers une hybridation du temps de travail, avec le travail à distance – en ‘home office’ ou dans un tiers-lieux – pour gagner en efficacité sur ses tâches, et le bureau, qui sera le lieu qui rassemble, fédère les équipes et permet à l’intelligence collective de s’exprimer pleinement. L’open space d’hier laisserait alors place à ‘l’happen space’, le lieu d’animation de la communauté d’entreprise, point de convergence des collaborateurs. Et pour les entreprises les plus audacieuses, un redéploiement de l’activité francilienne sur des sites satellites en régions pourrait demain représenter un atout pour retenir les talents en quête d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Finalement, le bureau, même réinventé et relocalisé, aura toujours un rôle déterminant pour consolider la marque employeur des entreprises. »
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